POURQUOI TRAITER MON VENTRE ALORS QUE J’AI MAL AU DOS ?

Votre étonnement est tout à fait légitime !

Mais quand on s’intéresse à l’anatomie, les choses deviennent plus limpides… En effet, la colonne vertébrale et les viscères sont reliés par différentes structures…


1- Un lien mécanique par les côtes

Plusieurs organes, comme le cœur, les poumons, l’œsophage, l’estomac ou encore le foie, se situent à l’intérieur de la cage thoracique. Cette cage est constituée, entre autres, des côtes et chaque côte est reliée à sa vertèbre dorsale. Donc un organe en souffrance peut facilement impacter la mobilité de ces côtes et, par voie de conséquence, celle de la colonne vertébrale.

2- Un lien mécanique par les fascias

Les organes à l’intérieur de votre ventre ne sont pas comme des billes dans un sac et heureusement car sinon à chaque pas ou chaque saut tout valdinguerait ! Ces viscères sont suspendus et maintenus les uns aux autres d’une part, et accrochés à la colonne vertébrale d’autre part. Tous ces liens sont assurés par des structures peu connues qui s’appellent fascias. Ces fascias pourraient être comparés à une toile d’araignée qui joue à la fois un rôle de fixation (ou de soutien) de l’organe mais aussi de nutrition de l’organe. En effet, les organes ont besoin de sang pour fonctionner correctement, or, cette toile est tapissée de très nombreux vaisseaux : pratique pour acheminer tous les nutriments et oxygène!

Voici quelques exemples de fascias qui vous permettront de mieux comprendre les liens étroits entre votre ventre et votre dos :

– sur le schéma 1: les fascias de Toldt (en vert hachuré) tendus entre les vertèbres lombaires et les côlons. Vous pouvez constater que ce fascia part des 2 côlons (cg et cd) pénètre en profondeur du ventre pour aller jusqu’à la vertèbre (forme grise au centre).

– sur le schéma 2: le fascia de Treitz, tendu entre les vertèbres lombaires et l’intestin grêle (tube en orange)

3-Un lien neurologique par les nerfs périphériques

Les nerfs constituent un lien très important entre les viscères et le dos.
La colonne vertébrale est un ensemble de vertèbres qui renferme, en son milieu, la moelle épinière. Les nerfs partent de cette moelle épinière pour arriver aux tissus du corps afin de
communiquer. Il s’agit d’un échange bidirectionnel puisque:

– Des instructions sont envoyées par le cerveau aux viscères afin d’adapter leur fonctionnement.

– Des informations partent des organes pour arriver à la moelle épinière, ce qui permet de transmettre au cerveau leur état de fonctionnement. Dans le cas d’un mauvais fonctionnement de l’organe, ces messages nerveux sont trop importants et donc entraînent des douleurs. Et en plus, une perte de mobilité est retrouvée au niveau des dorsales correspondant aux nerfs stimulés. Cela peut provoquer, à terme, des douleurs dans la colonne vertébrale.

4- La posture

En effet, lorsqu’un patient a mal au ventre, il a tendance à se pencher en avant, à se recroqueviller afin de trouver une position qui diminue la douleur. Si vous avez des brûlures d’estomac, vous aurez tendance à vous pencher en avant et à gauche, alors que si vous une problématique au niveau du début du gros intestin ce sera plutôt en avant et à droite ! Cette posture modifiée vient mettre en tension la colonne vertébrale. Les articulations, les muscles posturaux, les ligaments ou encore les fascias se retrouvent sollicités. Cela peut, à terme, entraîner des douleurs au niveau de la colonne vertébrale.


Ces liens forts entre tous les composants de la cavité abdominale impliquent qu’une tension ou une contrainte sur un organe se transmet comme une onde à tout ce qui le touche. On comprend alors que, si un organe fonctionne moins bien ou qu’il reçoit des contraintes inappropriées, cela impacte cet organe-là mais aussi tout ceux qui l’entourent ! Et c’est ainsi que toute la bonne mécanique digestive peut être perturbée : des symptômes tels qu’un dérèglement du transit (diarrhée ou constipation), des ballonnements, etc… peuvent apparaître.


Si l’on reprend le lien vertèbre-organe, 2 situations peuvent se produire:

– Si vous avez une vertèbre dans le bas du dos qui a du mal à bouger, pour n’importe quelle raison, cela signifie qu’elle n’est plus capable de suivre les vertèbres qui se trouvent au-dessus et en-dessous d’elle afin de répartir les contraintes qui s’appliquent sur l’ensemble de la colonne (comme le poids par exemple). Cette vertèbre est figée dans une position. De ce fait, le fascia qui est inséré sur cette vertèbre subit alors les mêmes contraintes que la vertèbre bloquée. Ainsi, elle ne va pouvoir offrir à l’organe que très peu de mouvement via ce fascia. Or, c’est ce mouvement de l’organe à l’intérieur de la cavité abdominale qui est nécessaire à la digestion, au passage du bol alimentaire tout le long du tube digestif. On comprend ainsi qu’une vertèbre bloquée peut, avec le temps, être à l’origine, par exemple, d’un ralentissement du transit et se manifester par une constipation.

– Inversement, si un organe est irrité, enflammé, cela va se répercuter sur les organes avoisinants et les fascias, en provoquant une diminution de mobilité de ces organes, va de fil en aiguille venir bloquer une ou plusieurs vertèbres !